Les derniers mois, de guerre en Ukraine en particulier, avec leur contrepartie de restrictions dès maintenant ou à terme sur les ressources énergétiques de nos pays, ajoutées aux mises en arrêt pour cause du suivi défectueux, depuis des années, de nos réacteurs nucléaires, sont l'occasion de bien d'interrogations, de bien de déclarations d'hommes politiques et d'organisations non gouvernementales concernant l'avenir des ressources électriques pour maintenant et le futur.

Etat des lieux : l'exemple de 2 mois d'été

Il ne s'agit que d'un exemple… représentatif de l'évolution des ressources électriques françaises.

2017

2017 RTE

2022

2022 RTE

L'évolution entre ces deux années : sur les 61 GW nucléaires d'EDF l'été 2022 ne laisse possibles, pour diverses raisons (entretien, arrêts de sécurité demandés par l'ASN), que 29 GW… Ceci sans oublier la nécessité de conserver, comme réserve pour les coup durs éventuels impromptus, de la ressource pilotable, donc des ressources nucléaires.

La différence est flagrante : les mois d'été ont habitué la France à des exportations très importantes. La faiblesse de la disponibilité nucléaire actuelle oblige la France à importer massivement. Les prix du marché en France est passé d'environ 30 €/MWh à plus de 400 €/MWh. Les prix dans les autres pays ont évolué environ de la même façon : compte tenu de la puissance nucléaire française, de la fermeture centrale après centrale sur les territoires de l'Europe interconnectée.

Remarquons qu'en été le ralentissement de l'économie industrielle diminue un peu les besoins (hors la climatisation). (On peut aussi remarquer que les importations françaises sont “attribuées” aux productions carbonnées extérieures à nos frontières – les divers pays disent réserver la qualité “renouvelable” aux électrons utilisés dans leur propres territoires).

 Autres exemples : mettant en lumière les besoins chiffrés

Contrairement au nucléaire, en cet été 2022, les sources renouvelables éoliennes et solaires sont pratiquement toutes disponibles (limitées seulement par la puissance installée actuelle)… mais elles sont, par principe, intermittentes : leurs facteurs de charge dépendent du vent, de l'ensoleillement, minute par minute.

02/08/2022

MW

puissance installée (2022) MW ~

 

éolien

19 500

solaire

13 600

Et le souhait de nombreux politiques, promoteurs et organisations dites écologistes est de diminuer les importations actuelles, et même faire disparaître à terme la ressouce nucléaire.

Il est alors intéressant de regarder quels seraient les besoins à propos de ces deux ressources pour satisfaire leur souhait. Ceci à partir de deux exemples mettant en évidence l'ordre de grandeur (et non la distribution exacte de ces ressources solaires et éoliennes pour un fonctionnement judicieux, en moyenne, qu'il y ait du vent ou non, qu'il y ait du soleil ou non).     Le jour et heures représentatifs retenus ici : 2 août 2022, à 0h et 13h30.

02/08/2022

MW

produits

facteur de charge

parts solaire et éolien pour le remplacement

 

 

 

 

minuit 0h

 

 

 

 

 

 

 

éolien

1 681

0,09

1

 

attribution à éolien, MW

puissance éolienne installée requise, MW

nombre d’éoliennes de 3 MW à installer

solaire

0

0,00

0

remplacer nucléaire

24 452

283 649

95 000

nucléaire

24 452

 

 

remplacer import

8 435

97 848

32 000

import

8 435

 

 

 

 

 

 

 

02/08/2022

MW

facteur de charge

parts solaire et éolien pour le remplacement

 

 

 

 

 

 

mi-journée 13h30

 

 

 

 

 

 

 

 

 

éolien

1 006

0,05

0,09

 

attribution à éolien, MW

puissance éolienne installée requise, MW

nombre d’éoliennes de 3 MW à installer

attribution à solaire MW

puissance solaire installée requise, MW

solaire

10 315

0,76

0,91

remplacer nucléaire

2 301

44 603

15 800

23 594

31 108

nucléaire

25 895

 

 

remplacer import

534

10 359

3 500

5 480

7 225

import

6 014

 

 

 

 

 

 

 

 

 

remarques

  • les valeurs des puissances (instantanées) produites données ici sont tirées du site de RTE :

https://www.rte-france.com/eco2mix/la-production-delectricite-par-filiere#

Sur la page internet de RTE, on y remarquera que les pourcentages de la colonne de droite ne concernent que les productions en France. En cas d'une forte proportion d'importation le public risque de mal évaluer les besoins réels.

  • bien sûr, les valeurs des puissances à installer sont à ajouter à celles existantes. D'autre part ces puissances à installer sont évaluées en prenant en compte le facteur de charge réalisé par chacune de ces sources, au jour et à l'heure considérée.
  • les valeurs des puissances à installer pour répondre aux problèmes de ce jour là sont claires : il y faut de nombreux panneaux solaires, encore que les valeurs des MW photovoltaïques ne soient pas incommensurables (attention, seulement lors du plein soleil, aux heures de soleil au zénith). Le nombre d'éoliennes, le réseau a construire pour intégrer ces sources diffuses et nombreuses, la gestion de ces sources intermittentes pour assurer la construction et le suivi production-consommation devient effrayant.

commentaires

La situation actuelle a, enfin, mis les populations et les élus, qui auraient dû prendre conscience bien avant, de la problématique. Ramener le choix d'un projet éolien, ici où là, à la seule phrase, bien souvent entendue : “je préfère un parc éolien à une centrale nucléaire” apparaît totalement hors du sujet.

Or le refus inconscient peut-être mais évident de voir se dessiner, à plus ou moins loin terme, la problématique actuelle, signalée depuis longtemps par de très nombreux énergéticiens, a totalement endormi l'Assemblée Nationale et les partis de tout bord !

Le réveil, récent, d'une partie des élus n'empêche nullement la continuation du “en même temps” : l'annonce de la renaissance du nucléaire sans précision réelle (ce n'est pas simple, c'est vrai, et cela demande des années) et l'annonce de libération réelle des projets éoliens et solaires de nombreuses restrictions légales concernant la protection des riverains, de la biodiversité, des paysages… et annonce d'un moratoire sur deux ans des tarifs de rachat pour permettre le paiement des possesseurs de parcs éoliens au prix du marché, ceci dès maintenant.

Parmi d'autres sources, la lecture au jour le jour du site de Vents et Territoires révèle jour après jour l'accélération de cette pression sur les communes, sur les habitants… réalisation des économistes-énergéticiens-politiques de l'OFATE (Deutsch-französisches Büro für die Energiewende ([DFBEW / OFATE)].

Il est plus que temps de réfléchir et d'agir :