Il y a quelques jours RTE a rendu public son bilan de l'année 2018. Comme toujours c'est intéressant et instructif. Bien sûr pour le public certaines pages n'ont un intérêt que relatif, d'autres méritent quelques commentaires.

Pour nous, ici, la partie moins intéressante concerne les analyses régionales et interrégionales, occasions de célébrer (ou non) la transition énergétique dans le domaine électrique, là où les pertes en ligne sur le réseau THT et HT se limitent (comme usuellement) à environ 2%. En pratique les seules régions qui posent encore des problèmes d'alimentation sont Bretagne et PACA.

Les évolutions des ressources et des productions sont utiles à connaître. Elles sont marquées par une augmentation des parcs solaires et éoliens ; plus de précipitations, un peu plus de vent, un peu moins de soleil ; un parc nucléaire rendu un peu plus disponible. Ce qui s'est traduit par une augmentation des productions des sources importantes : nucléaire (+ 14,1 TWh), hydraulique (+14,7 TWh), éolien (+3,69 TWh) et solaire (+ 0,6 TWh)… sur l'année.

Ces évolutions ont permis un moindre recours aux sources carbonées (charbon, gaz et fioul), menant à une diminution de la production de CO2 (selon les normes RTE : production lors de l'utilisation de la source et non en anaylyse du cycle de vie) : - 28%, soit, pour 2018, 20 MtCO2. Ce qui ne fait que conforter la France comme un bon exemple d'électricité propre (en ce qui concerne les GES).

RTE, dans son introduction, attribue cette amélioration aux augmentations des productions hydrauliques et nucléaires.

source

puis. installée (GW)

aug. 17-18 production (TWh) aug. 17-18 (TWh) facteur de charge
éolien 15,1 11,2 % 27,2 3,69 21,1 %
solaire (photo.) 8,527 11,4 % 10,2 0,6 14 %
hydraulique 25,5 - 68,3 14,7 (/)
nucléaire 63,1 - 393,2 14,1 (71,2 %)

[Attention, en toute rigueur le facteur de charge est une notion surtout utile pour les ressources non-pilotables (ici, éolien et solaire) pour lesquelles les productions sont obligatoirement acceptées par le réseau… au détriment des ressources pilotables, ici nucléaire et hydraulique, qui doivent s'adapter aux productions non-pilotables pour permettre un équilibre production/consommation. Actuellement les ressources nucléaires disponibles sont de l'ordre de 56 GW, compte tenu d'indisponibilité diverses, dont des mises à jour post-Fukushima.

Ajouts et commentaires

Le document de RTE est bien sûr surveillé et commenté rapidement. On trouve par exemple un blog sur Le Monde analysant le contenu et critiquant en particulier, non le fond, mais plutôt la forme.  Par exemple, il manifeste un étonnement concernant les diagrammes retenus pour présenter les statistiques de productions éoliennes et solaires… difficiles à regarder et à bien saisir. L'auteur et certains de ses commentateurs renvoient alors aux tableaux que l'on peut dresser soi-même à partir des données accessibles à tous sur le site de RTE

Par exemple, regardons la production des deux sources intermittentes, majeures, en janvier 2019 (relevés 1/4 h par 1/4h).

solaire eolien janvier 19 2solaire eolien janvier 19 2

Faisons une liste de quelques caractéristiques.

  • en janvier, le soleil est bas sur nos horizons, et il ne fait pas tout le temps beau : ici, au maximum environ 3,5 GW à midi solaire pour une puissance installée de 8,5 GWc (tension crête).
  • en janvier, les vents moyens sont assez élevés, mais sont, comme toujours, variables. On remarque que, pour ce mois de janvier, la puissance éolienne minimale vérifie celle que RTE avait retenue dans ses prévisions (10 %, soit 1,5 GW).
  • en janvier, comme dans tous les mois de l'année, la puissance éolienne est grandement variable. Exemples, 27/01/19-12h30, 11.8 GW ; 29/01/19-4h45, 1.48 GW. Malgré le foisonnement des ressources éoliennes sur le territoire (“il y a toujours du vent quelque part”). Il en est de même sur une grande partie de l'Europe, ce qui est la source d'éventuels événements à prix négatifs sur le marché de l'électricité. RTE signale le fait.
  • lors des coups de vent les variations peuvent très importantes (sur l'exemple 10 GW en 36 h)… et peuvent l'être encore plus lors d'un doublement de la puissance éolienne, proposée… Cette montée en puissance installée, et donc en puissance instantanée éventuelle, nécessite des ressources pilotables très souples, très fiables et très importantes.
  • l'augmentation des puissances solaires peut accentuer le problème : les variations des puissances instantanées (connues d'avance, régulières) mais rapides peuvent s'ajouter à leurs homologues éoliennes. Malgré le fait qu'en moyenne il y a un peu plus de vent en hiver, quand il y a un peu moins de soleil.