Nicolas Hulot, Ministre de la Transition écologie et solidaire (2017 à septembre 2018), parlait ainsi des éoliennes

"Au départ, l'énergie éolienne est une très bonne idée, mais à l'arrivée, c'est une réalisation tragique. Si on nous disait au moins que cela permettrait de fermer des centrales. Mais cela n'est pas le cas. Cela peut dénaturer des paysages pour des résultats incertains ...En bref, c'est simplement de l'habillage ..." (à l'occasion de l'ouverture du Grenelle de l'Environnement)

"Évidemment que je suis pour les éoliennes. Mais pas tel qu'on le fait actuellement. Parce que l'on vient dire aux maires: ça va être pour vous une rente et c'est le seul motif de décision. Il faut faire des champs dans des paysages industriels sur lequel ça apportera, peut être, un surplus de caractère mais pas miter le paysage et dès lors, encore une fois, parce que je suis d'accord que ça a un impact visuel et parfois sonore...." (RMC, le 08/11/2006)

"Le lobby des éoliennes, souvent proche de celui du nucléaire, a bien fonctionné en proposant aux maires des petites communes de nouvelles recettes. Ils ont installé des éoliennes en dépit du bon sens. Des champs d'éoliennes dans des friches industrielles ne choqueront personne. Mais lorsque l'on sacrifie des paysages magnifiques, je comprends qu'il y ait des réactions. Ces lobbys ont réussi à dresser des écologistes contre les éoliennes. " (le Figaro magazine, 20 octobre 2007)

et maintenant ?

Le gouvernement, en marche vers un avenir radieux, met les bouchées doubles pour l'installation des éoliennes, sur tout le territoire, sacrifiant plaines, côtes et même massifs montagneux. A proprement parler aucune partie de territoire n'est protégée !

Monsieur Lecornu, secrétaire d'état de Monsieur Hulot, met au point des décrets dérogatoires à l'installation des éoliennes de façon à éviter les recours des associations de riverains, à accélérer les procédures.

Il est interessant de noter que pour l'Etat l'argumentation du developpement massif des projets éoliens (et aussi photovoltaïques) repose sur l'évitement du CO2. Quitte à mettre momentanément sous le boisseau les fermetures et démantellement des centales nucléaires, à part Fessenheim, qui sert ici de cadeau de consolation aux verts anti-nucléaires.

d'ailleurs

Certains députés, interrogés par des opposants aux parcs éoliens, riverains de futurs sites, répliquent de façon curieuse qu'eux préfèrent des éoliennes aux centrales nucléaires. Il n'est pourtant pas difficile (et pourait-on dire, il semble nécessaire, au minimum) de savoir se tourner vers les chiffres : demandez donc à votre député le nombre d'éoliennes pour remplacer un seul réacteur nucléaire de 900 MW par des éoliennes de 2,5 MW [à 3,5 M€ l'éolienne] dans diverses conditions de vent [traduites ici par un facteur de charge (tout à fait réaliste et… réalisé)] :

facteur de charge 0,75 (1)
0,24 (2) 0,1 (3)
0,05 (4)
0,02 (5)

nombre d'éoliennes

pour 900 MW

480 1500 3600 7200 18000
  • (1) valeur du facteur de charge moyen en France lors du coup de vent de fin décembre 2017.
  • (2) valeur moyenne annuelle (approximative) du parc métropolitain.
  • (3) valeur retenue du minimum garanti de la puissance éolienne hivernale, évaluée par RTE pour l'hiver 2017-2018.
  • (4) valeur moyenne minimale observée sur la production française à la fin de l'automne 2017 (pour l'instant, en période hivernale ce minimum atteint 0,07).
  • (5) valeur minimale observée lors d'une vague de froid en janvier 2016.

remarques

En fin d'année 2017, la France possédait environ 6000 éoliennes, pour une puissance installée de 13,7 GW (13 700 MW).

Lorsque l'on interroge les promoteurs (réunions de concernation, de présentation…) de parcs éoliens, aucun ne met en avant la disparition de centrales nucléaires. A propos des bénéfices écologiques, ils insistent sur l'évitement de production de gaz à effet de serre (CO2 produit par les centrales à gaz, fioul et charbon). Ceci vient bien en éclairage de la citation de M. Hulot (la troisième ci-dessus) et de la décision de reporter la fermeture des réacteurs à l'horizon 2035 plutôt que 2025.

Sans vouloir attrister les verts cette remarque est parfaitement compatible avec la renaissance du nucléaire dans le monde (Russie, Inde, Chine, Arabie Saoudite… United-Kingdom…) : le nucléaire, rendu pilotable (comme les centrales françaises, EPR d'ici ou d'ailleurs, construits ou à construire) apparaît comme complément efficace, indispensable à court terme, de sources intermittentes que sont les éoliennes et le photovoltaïque.

A ce sujet, la France se trouve mal placée. Fermer les quelques GW  de sources thermiques carbonées qui lui reste – à l'aide de nouvelles éoliennes – devient incompatible avec l'évitement de CO2 puisque le pilotage se fera de plus en plus par la modulation des centrales nucléaires existantes. Ceci mène à un coût financier exorbitant : construction des éoliennes et diminution de la rentabilité des centrales (puisque l'on restreindra la production des réacteurs lorsque les éoliennes produiront).

Pour terminer, il apparaît que l'on peut considérer que tout nouveau projet mène directement à production de CO2, compte tenu des GW éoliens déjà déposés dans les cartons des préfectures. On ne peut que s'interroger sur la préemption de sommes considérables nécessitées par ces nouveaux projets, dont les renforcements nécessaires des réseaux (non à la charge des promoteurs). Alors que l'argument principal de ces projets est l'évitement de la production de CO2, les ressources financières nécessaires à l'eolien eussent été beaucoup plus efficaces dans l'amélioration énergétique des bâtiments (isolation, pompes à chaleur…). [On ne peut ici que souligner le fait que la montée en puissance de l'éolien et du photovoltaïque allemands a induit pour l'instant, non une diminution de la production de CO2, mais une augmentation de la production d'électricité menant à des exportations importantes (corrélées de façon significative à la production des ressources intermittentes)].