2016, l'ADEME sort son projet d'une production électrique en France à l'horizon 2050 100% d'origine renouvelable, sans production de CO2.

https://www.ademe.fr/mix-electrique-100-renouvelable-analyses-optimisations

Dans ce document son scénario de référence attribue une puissance éolienne installée de 96 GW répartie sur le territoire, utilisant des éoliennes d'“ancienne génération” (AG), de facteur de charge moyen estimé 0,28 [à placer dans des lieux de vents assez forts], et de “nouvelle génération” (NG), de facteur de charge moyen estimé 0,37 [à placer dans des lieux de vents faibles]1.

L'ADEME conserve l'obligation légale de la distance de 500 m aux habitations. Elle estime que les éoliennes AG permettent une ressource de puissance installée de 8 W/m2 et de 5,3 W/m2, plaçant 4 mâts AG de 2 MW et moins de 3 mâts NG de 2 MW par km2 de parc2. Son estimation de la surface nécessaire aux implantations se limite alors à 17000 km2, en France métropolitaine, soit une surface inférieure à 3,1 % du territoire national.

L'ADEME estime à 170 km2 la portion de territoire artificialisée par ces éoliennes (plate-formes, chemins d'accès, postes de livraisons…).

De quoi se plaint-on alors ? Même la Bretagne, région où l'habitat très dispersé (avec d'autres contraintes quand même) limite les surfaces éligibles à l'installation éolienne à 3 %, entre pratiquement dans les clous.

Page 26 de son document “annexe_eolienpv.pdf” on trouve une carte (figure 17) des lieux éligibles. Sont alors considérés comme disponibles pour l'éolien terrestre 38,3 %. Il est intéressant de noter (page 25) que sont exclus par l'ADEME les

  • zones d'altitude > 1000 m.

  • zones de gradient d'altitude > 15 %

  • zones natura 2000, parcs naturels régionaux, réserves naturelles régionales et nationales.

  • couloirs aériens militaires, zones dans un rayon de 10 à 30 km des radars.

Il n'est pas inintéressant de découvrir que les instances gérant ces zones s'appliquent quand même à les incorporer plus ou moins dans les surfaces éligibles : on trouve des projets à 1400 m d'altitude, des projets sur des crêtes fines, des ouvertures de PNR… des modifications de coulours aériens.

Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate ou, en fonction de votre sensibilité, Volete trovare ogne speranza

Dans ces conditions, on en arrive à s'interroger sur l'avenir de nos paysages. L'ADEME et les promoteurs qui s'appuient sur elle (cf. la réponse aux critiques anti-éoliennes récentes "… moins de 10 % du territoire français est éligible aux critères d'implantation de l'éolien terrestre" (https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/energie-eolienne-halte-au-caricatures-797317.html]) sont donc très rassurants.

L'association Vent de Colère (VdC) rapporte un intéressant tweet provenant de l'ADEME – quand même, les salariés de l'agence, eux, ils savent – estimant qu'une portion de 0,0012% du territoire est seulement concernée ! VdC analyse ensuite la portion de territoire à différentes distances (jusque 10 km) couverte par les éoliennes existantes et les 14000 prévues en l'an 2028.

Nous reprenons l'analyse de VdC en modifiant légérement son hypothèse de départ. Compte tenu de l'expérience de ce qui se passe dans nos régions (favorisées ?) notre parc éolien sera composé de 8 éoliennes, placées en deux lignes écartées de 600 m, les éoliennes d'une ligne étant séparées de 400 m, distance rendue de plus en plus nécessaire aux éoliennes de plus en plus hautes.

Il suffirait alors de 32000 éoliennes de 3 MW pour atteindre les 96 GW de puissance installée du scénario de référence 2050. 4000 parcs de 8 machines… pour 36000 communes ; soit 1 commune sur 9. De quoi vous plaignez-vous ?

Nous ajoutons ici l'angle sous lequel un observateur situé en limite inférieure de chaque zone voit une éolienne de 180 m, en haut de pale.

éoliennes

nombre de mats

nombre de sites

surface interdite (500 m), ha

surface < 1 km, ha

surface < 1,5 km, ha

surface < 5km, ha

surface < 10 km, ha

par mat isolé

1

1

78,54

314,16

706,86

176,71

31415,93

distance à l’observateur proche

   

500

1000

1500

5000

10000

angle (éolienne 180 m), degrés

   

19,8

10,2

6,8

2,1

1,0

 Les surfaces ci-dessous sont évaluées en considérant des ellipses construites sur un site de référence de deux lignes de 4 éoliennes, distantes de 400 m, les lignes étant séparées de 600 m.

 

nombre de mats

nombre de sites

surface interdite (500 m), km2

surface < 1 km, km2

surface < 1,5 km, km2

surface < 5km, km2

surface < 10 km, km2

site de 8 éoliennes

8

1

2,76

5,22

11,88

93,24

343,00

               

1000 sites de 8 éoliennes

 

1000

2765

5222

11875

93242

342999

en % de France

   

0,50

0,95

2,16

16,95

62,36

               

14000 éoliennes

   

4838

9138

20782

163174

600248

en % de France

   

0,88

1,66

3,78

29,67

109,14

               

32000 éoliennes

 

4000

11058

20886

47501

372970

1371996

en % de France

   

2,01

3,80

8,64

67,81

249,45

Bien sûr, il n'est pas question en pratique de distribuer ceci de façon homogène sur le territoire français (la carte de l'ADEME citée plus haut le montre). Des régions entières seront favorisées. Il n'est qu'à regarder les cartes disponibles sur internet :

https://carto2.geo-ide.din.developpement-durable.gouv.fr/frontoffice/?map=232004cc-1491-4644-9920-dec062de6754

pour la région Haut de France, ou la région Grand-Est

https://www.datagrandest.fr/geonetwork/srv/api/records/fr-120066022-jdd-baf93563-9b63-45b7-a458-16c011f946b3

Rendez-vous sur les lieux (entre Châlons en Champagne et Troyes… entre Rethel et Saint-Quentin… par exemple) et jugez. Pourquoi s'inquiéter ? vous dira l'ADEME. Après tout… 4000 parcs pour 36000 communes, cela ne fait qu'1 commune sur 9…  oui cela fait 68 % du territoire en moyenne à moins de 5 km, observant des éoliennes sous des angles entre 2 à 20 degrés, signalées la nuit par des flashs rouges. Il suffit de densifier… Bienvenue chez eux.

Notes

1On ne peut que citer ici les productions des éoliennes en place, comportant des parcs AG et NG : le facteur de charge moyen 2018 est inférieur à 0,22.

2Dans la pratique ici le nombre de mât est un peu secondaire : nous verrons que tout mât utilise, seul, 0,8 km2 (compte tenu de la distance des 500 m). On pourrait donc placer un mât AG de 5,3 MW unique pour faire le travail.